La gestion et la biodiversité des forêts
« Pour que le caractère d’un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pourvoir observer son action pendant de longues années.
Tel commence « L’homme qui plantait des arbres » de Jean Giono
La forêt et l’écologie
Alors que je réalise une coupe à blanc de 2 ha dans une forêt de hêtres à Saint Clément (Allier) en Montagne Bourbonnaise, je m’interroge sur la perception de cette exploitation forestière pour la société. Comment montrer que la gestion de la forêt permet l’harmonie entre la forêt, l’écologie et les besoins en bois pour l’activité humaine ?
Comme le rappelle Julien Denormandie (Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, ingénieur des Eaux et Forêts), lors de son intervention du 29 juillet 2020 devant la commission des affaires économiques : « une forêt, ça se cultive et ça s’exploite. C’est bon y compris pour l’environnement et l’écologie […] La gestion active de la forêt ne doit pas être confondue avec la déforestation au plan mondial. »
Mon projet au Pont Caro
Ce taillis qui est coupé est constitué en majeure partie de petits hêtres et chênes qui ne se développent que très lentement sur une forte pente avec un sous bois assez pauvre tapissé par une épaisse couche de feuilles. Dans 50 ans, sans intervention humaine, il est évident que l’environnement n’aura pas changé. Une petite partie de la plantation se trouve en bordure d’un ruisseau, le Coindre qui longe un chemin communal. Mon intention est donc de replanter avec du douglas une essence plus rentable économiquement le haut de la parcelle une fois la coupe terminée et d’améliorer le peuplement existant en bord de rivière afin de maintenir un couvert végétal pour les animaux, les promeneurs et les pêcheurs.
La forêt en France
Les rangées de douglas sont perçues par les défenseurs de l’environnement et de la biodiversité comme un mal absolu qui va de pair avec la mécanisation de l’exploitation forestière. Je ne cautionne pas non plus ces forêts sombres de bois serrés, alignés ou la vie au sol n’existe plus et ou les animaux ne se réfugient plus. Car lorsqu’elle est bien gérée, une forêt de douglas est claire avec un sous étage qui abrite plus de vie qu’un taillis abandonné. Mais cela mérite d’être remis en perspective avec des chiffres issus de Forêts de France et du Centre National de la Propriété Forestière (CNPF) d’octobre 2020. La forêt française représente 16,8 Millions d’ha (31 % du territoire) derrière l’agriculture qui occupe la moitié des sols. Le douglas, essence originaire d’Amérique du Nord introduite en 1830, représente 420 000 ha soit 2,5 % de la forêt française. Cette proportion va doubler d’ici 30 ans bien que la forêt française reste majoritairement morcelée et constituée de taillis sous futaie.
Le plan de relance pour de jeunes forêts
Le plan de relance soutient cette mutation afin d’aider la forêt à s’adapter au changement climatique. La mesure devrait permettre d’adapter, améliorer ou reconstituer 45 000 ha de forêts qui ont pu être impactés par l’assèchement et les tempêtes au travers d’un fond de 200 Millions d’Euros. L’objectif est de produire davantage de bois d’œuvre pour l’économie verte. La région Auvergne Rhone Alpes concentre 80% des plantations de douglas en France car les zones de moyenne montagne sont particulièrement adaptées. Le risque de mono culture et d’appauvrissement du paysage peut sembler fort. Mais lorsqu’elles sont gérées, les forêts de plantation abritent une disparité de formes et de hauteurs, l’étagement de la végétation en sous bois et des interactions riches et complexes avec la faune et la flore. Leur jeunesse les rend plus apte à capter le carbone qu’une forêt plus âgée ou le bois en décomposition dégage du CO2. Elles ne correspondent plus à l’imaginaire de la forêt primaire dans l’esprit du citadin ou du touriste mais fournissent des revenus et des emplois à des 100aines de milliers de personnes en France (plus que le secteur automobile).
La biodiversité en Forêt
Ce que résume Hervé Jactel (Directeur de recherche à l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) dans son article dans le Monde du 29 août 2020. « Ce dont la planète a besoin, c’est de l’assemblage harmonieux de 3 sortes de forêts
- Les forêts en réserve naturelle, libre de toute gestion
- Les forêts de plantation pour capter le carbone et produire le bois d’œuvre et les matériaux pour l’industrie verte
- Les forêts secondaires pour des usages locaux traditionnels comme le bois de chauffage, la cueillette, la chasse, la randonnée
L’homme qui plantait des arbres
En tant que père, amoureux de la nature et citoyen, je souhaite autant que possible que mes choix permettent de concilier l’avenir de mes enfants, le respect de l’environnement et la beauté de cet espace qui inspire les écrivains, les philosophes et le genre humain.
Beaucoup de références proviennent du numéro d’octobre 2020 de la Forêt Privée. Magazine Fransylva.